Portrait.

Je fume. J'ai des problèmes, une multitude même. Alors je fume. La journée, je ne la vis qu'à moitié, chaque seconde me rappelle mon cœur serré et ses palpitations résonnent dans mon corps entier. Un pas en avant est un effort que je me force à accomplir sous l'œil curieux de ma famille qui attend que je chancèle pour pouvoir mieux me rattraper. Un jour, je suis tombée dans l’escalier. Mes forces m'avaient abandonnées, alors j'ai pleuré, me suis relevée, suis allée fumer.
Je respire, m'imprègne, essaie de me rappeler quel à été mon dernier instant de plaisir et bien souvent mes pensées se perdent. Alors j'écrase ma cigarette bien décidée à dompter mes réflexions afin que jamais elles ne puissent s'égarer.
Moi j'aime aimer. J'aime aimer les heures passées avec mes amis, j'aime aimer mes souvenirs chers, j'aime aimer les gens... avec leurs qualités et leurs défauts. Parfois j'échoue dans mon but de leur plaire. Je n'aime pas ne pas réussir alors je fume.
Quand les autres apprécient, j'aime. Quand d'autres aiment, je désire. Je ne suis que démesure et incarne l'envie. Quand j'ai envie, j'agis. Je ressens aussi souvent des choses que les autres veulent ignorer. J'éponge la vie des autres. Ils me parlent, j'écoute, j'observe, mon cœur se serre un peu plus, je porte une telle tristesse en moi que souvent, la nuit, je sors de mon lit, j'allume une cigarette et je pleure.
Je suis libre de nature mais cloisonnée dans mon corps. Mes gestes sont mesurés, ma bouche contrôlée et mes yeux agissent tel un radar à l'affut du moindre soupçon. Jamais je ne ferai quelque chose capable de me compromettre.

Je ne sais pas où je vais. Je ne sais pas ce que je veux. J'attends que le vent tourne désespérément en ma faveur. Je veux un garçon, une fille, je ne sais pas alors je fume. Je cherche, je ne comprends plus le monde qui m'entoure. Le décalage est trop important, je suis perdue. Je veux comprendre mais je n'ai plus de force. Ça tourne, j'ai trop fumé, j'ai pas mangé.